Don Quichotte à Saint Etienne

Don Quichotte

Jules Massenet

 

COMÉDIE HÉROÏQUE EN CINQ ACTES

 

LIVRET D’HENRI CAIN D’APRÈS "LE CHEVALIER DE LA LONGUE FIGURE" DE JACQUES LE LORRAIN

CRÉATION LE 19 FÉVRIER 1910 À L’OPÉRA DE MONTE-CARLO

  

DIRECTION MUSICALE                          JACQUES LACOMBE

MISE EN SCÈNE                                       LOUIS DÉSIRÉ

DÉCORS ET COSTUMES                         DIEGO MÉNDEZ-CASARIEGO

LUMIÈRES                                                 PATRICK MÉEÜS

 

DON QUICHOTTE                                     VINCENT LE TEXIER

SANCHO PANÇA                                       MARC BARRARD

DULCINÉE                                                 LUCIE ROCHE

PEDRO                                                        JULIE MOSSAY

JUAN                                                           FRÉDÉRIC CORNILLE

RODRIGUEZ                                              CAMILLE TRESMONTANT

GARCIAS                                                   VIOLETTE POLCHI

 

 

ORCHESTRE SYMPHONIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE 

CHŒUR LYRIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE

 

COPRODUCTION

OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE,

OPÉRA DE TOURS

 

DÉCORS ET COSTUMES

RÉALISÉS PAR LES ATELIERS DE L’OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE

 

« Comédie héroïque » en cinq actes, Don Quichotte figure au nombre des sept ouvrages de Jules Massenet (1842-1912) créés à l’Opéra de Monte Carlo. Le compositeur a tissé des liens privilégiés avec la salle monégasque à l’entrée de laquelle son buste en pierre accueille toujours le public. Raoul Gunsbourg (1860-1955), le directeur de l’opéra de la Principauté, est à l’origine de Don Quichotte. Il souhaite monter une nouvelle œuvre pour mettre en valeur l’exceptionnel talent de Fiodor Chaliapine (1873-1938), un habitué de l’Opéra de Monte-Carlo.

 

Gunsbourg s’adresse à Massenet après avoir vainement sollicité Charles Lecocq (1832-1918). Don Quichotte n’a qu’un rapport lointain avec le fameux roman de Miguel de Cervantès (1547-1616). Collaborateur régulier de Massenet, Henri Cain (1857-1937) adapte une pièce de Jacques Le Lorrain (1856-1904) intitulée Le Chevalier de la Longue-Figure (1904) – titre légèrement démarqué du surnom couramment accolé à Don Quichotte : le Chevalier à la Triste-Figure. Personnage pittoresque, Le Lorrain est un poète-cordonnier qui n’emprunte que quelques éléments à Cervantès sans hésiter à donner une vision christique de son Don Quichotte. Le 24 février 1910, Chaliapine triomphe à Monte Carlo en créant ce personnage qui fut une de ses incarnations les plus marquantes. Don Quichotte rencontra un certain succès tout en essuyant des critiques parfois très sévères,  comme ce fut le cas à New-York en 1926. L’ouvrage réclame la présence d’un interprète exceptionnel. 

 

Résumé

 

Lassée des hommages de ses nombreux admirateurs, la belle Dulcinée s’amuse de la ferveur de Don Quichotte. La jeune femme accepte d’être la bien-aimée du Chevalier à condition qu’il lui rapporte un collier que lui ont dérobé des brigands. Don Quichotte parvient à récupérer le collier, mais quand il propose à Dulcinée de l’épouser, elle lui avoue qu’elle est bien trop volage pour répondre à son amour. Le cœur brisé, le pauvre Chevalier devient un objet de moquerie. Son fidèle écuyer Sancho Pança le veille jusqu’à son dernier instant. Fixant une étoile qui scintille dans les cieux, Don Quichotte meurt en croyant voir et entendre Dulcinée.

 

Les commentaires du Président de l'association des "Amis de l'Opéra Grenoble" sur ce spectacle : 

 

Dimanche 02 février 2020, nous sommes allés assister, presque jour pour jour par rapport à l’année passée (Cosi du 03/02/2019 sous la neige !) à la représentation du "Don Quichotte de Massenet" à l’Opéra de Saint Etienne, ville natale du compositeur. Le bâtiment porte d’ailleurs le nom officiel de Grand Théâtre Massenet.

Confortablement installés au parterre, bénéficiant d’une parfaite vision de la scène, nous avons suivi les méandres chimériques du fameux "Chevalier à la triste figure", celui de Cervantes.

Roman mythique dont Massenet ne s’est pas directement inspiré. Il a demandé à son librettiste Henri Cain d’adapter une pièce de théâtre, le "Chevalier à la longue figure", de Jacques Le Lorrain. Nous sommes donc assez éloignés du texte d’origine.

Certes, les personnages principaux sont présents, Don Quichotte et Sancho Panca, ainsi que la belle Dulcinée. Mais, l’intrigue porte surtout sur les pensées et sentiments amoureux du Chevalier envers sa Dulcinée, sans oublier la réflexion sur le temps, sur la vieillesse, sur la vie rêvée,  sur l’honnêteté des humains, etc…

Livret parfois inégal, comme d’ailleurs la musique de Massenet, mais qui ne déméritent en rien en nous faisant entrer dans un univers très onirique intéressant.

Univers assez bien représenté par le metteur en scène Louis Désiré.

Peu de choses sur le plateau, si ce n’est la présence constante d’un grand lit mobile à baldaquin, celui du Chevalier, avec autour divers éléments : un grand pan de mur couvert de miroirs, s’ouvrant comme un livre, et des suspensions lumineuses, quelques draperies.

Costumes et accessoires d’époque du livret et tenue noire des choristes plus moderne, avec manteau et chapeau melon.

Louis Désiré a opté pour une dramaturgie un peu minimaliste avec ces éléments mobiles s’adaptant à l’intrigue, dramaturgie simple et lisible et tenue proposant de belles images, notamment en seconde partie avec une utilisation de choristes comme décor, comme personnage, comme mouvement, etc…construisant cet onirisme visuel et musical assez sensible et fort bien éclairé.

Travail difficile car le livret ne propose pas vraiment d’actions notables, mis à part l’épisode des moulins à vent, suggéré par une sorte de pyramide humaine. Ensemble tout à fait respectable.

Autant la 1ère partie fut inégale, autant la seconde proposa un éventail visuel construit et diverses émotions théâtrales, notamment avec le grand air final de la mort du Chevalier, empreinte d’une bouleversante humanité.

Ce personnage central nous est présenté par le librettiste d’une manière quasi mystique, pénétré de spiritualité religieuse, tel un "Christ espagnol" comme le désignait l’écrivain Miguel de Unamuno.

 

Côté interprétation :

Belle troupe homogène sans fausse note.

           -  Un rôle titre assez soutenu, car sur scène tout le temps, tenu par le baryton-basse  chevronné Vincent Le Texier, à la voix chaude, ample et capable de nuances lyriques et humaines. Belle incarnation de cet être hors du temps, chargé de désir onirique, utopique, et d’amour sincère.

           - A son côté, son double opposé, terrestre, son serviteur, tenu par le baryton Marc Barrard, à la présence fidèle et bienveillante. Partition plus irrégulière, un peu en retrait, sauf au final avec un aria très touchant de tendresse et d’affection envers son maître mourant.

           - Face à eux, l’idée fixe du Chevalier, son étoile, la belle Dulcinée à la vie légère, entourée de multiples

prétendants et appréciant les paillettes de cette vie nomade. Figure féminine incarnée par la soprano Lucie Roche, de belle allure. Voix ample et chaude, encore incertaine au début et mieux affirmée ensuite, restituant fort bien son sentiment partagé entre sa pérégrination bohème et la sincérité touchante du vieil homme.

           - Bonne prestation des seconds rôles.

           -   Ainsi que celle des choristes, utilisés avec intelligence visuelle par le metteur en scène.

           -   Côté orchestre :

Rien à redire, au contraire : bonne phalange stéphanoise capable de restituer les colorations contrastées, la transparence, les complaintes et rêveries de la partition de Massenet.

Le chef d’orchestre canadien, Jacques Lacombe, eu fut l’ordonnateur talentueux avec une direction tenue et sensible, digne d’un chef d’opéra.

 

Longue vie à la rêverie, à l’utopie, à la sincérité, à l’humanité !

 

Longue vie à l’Opéra !

 

Alain GUIPONT

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