La Tosca à Lyon

La Tosca

Giacomo Puccini

 

Opéra en trois actes, créé en 1900 à Rome

 

Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d'après la pièce de Victorien Sardou.

Nouvelle production en coproduction avec le Festival International d'Art lyrique d'Aix-en-Provence

 

Direction musicale     Daniele Rustioni

Mise en scène             Christophe Honoré

Décors                        Alban Ho Van

Costumes                    Olivier Bériot

Lumières                     Dominique Bruguière

Vidéo                           Baptiste Klein, Christophe Honoré

Chef des Chœurs         Hugo Peraldo 

Cheffe de chœur de la Maîtrise       Karine Locatelli

 

Floria Tosca, cantatrice célèbre         Elena Guseva

La Prima Donna                                 Catherine Malfitano

Mario Cavaradossi                             Massimo Giordano

Le baron Scarpia                                Alexey Markov

Cesare Angelotti                                Simon Shibambu

Un Sacristain                                     Leonardo Galeazzi

Spoletta                                              Michael Smallwood

Sciarrone                                            Jean-Gabriel Saint-Martin

Le Majordome                                   Jean-Frédéric Lemoues

Un Geôlier                                         Virgile Ancely

 

Orchestre, Chœurs et Maîtrise de l'Opéra de Lyon

 

 

En 1889, Giacomo Puccini envoie une lettre à son éditeur, Giulio Ricordi, souhaitant obtenir les droits pour adapter La Tosca de Victorien Sardou. Sans réponse de Ricordi, Puccini laisse le projet de côté jusqu'en 1895, année où il assiste à une des représentations de la pièce avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre. Dès lors, il fait tout pour obtenir les droits de la pièce de Sardou, qui accepte que sa pièce soit adaptée.Tosca est le troisième opéra de Puccini dont le livret a été écrit par Giacosa et Illica, après Manon Lescaut (1893) et La Bohème (1896). Au cours du travail d'adaptation, les librettistes suppriment de nombreux personnages et resserrent l'action sur trois actes au lieu de cinq, afin d'accentuer la tension dramatique, qui monte sans interruption jusqu'au dénouement. Puccini remaniera toutefois sensiblement le livret initial, notamment pour créer le monologue final de Cavaradossi, qui est aujourd'hui l'un des airs les plus connus de l'opéra.

 

La première a lieu en 1900. L'Italie connait alors une période de troubles socio-politiques, une suspension des libertés publiques étant même décidée suite à des mouvements sociaux de grande ampleur. Parallèlement, le pays assiste à une montée en puissance du mouvement anarchiste, qui aboutit à l'assassinat du roi Humbert 1er. Malgré les menaces anarchistes visant directement le Théâtre Costanzi, la première représentation eut lieu le 14 janvier 1900 après avoir été reculée d'une journée. L'opéra ne reçut pas le succès escompté par Puccini lors de la création : les critiques furent mitigées (principalement en raison de la violence qui sous-tend l'intrigue), mais le public réclama plusieurs rappels. Par la suite, l'opéra connut une meilleure réception à Rome au fil des représentations et son succès se confirma lorsque Toscanini le reprit à la Scala de Milan le 17 mars de la même année.

 

 

Résumé

 

À Rome en 1800, le peintre Mario Cavaradossi vient en aide à un prisonnier politique en fuite, Angelotti, ancien consul de la République, activement recherché par Scarpia, le redoutable chef de la police qui traque tous les partisans de la liberté. Le geste généreux de Cavaradossi va avoir de terribles conséquences. Scarpia, faux dévot sans scrupule, convoite depuis longtemps la maîtresse du peintre, la belle cantatrice Floria Tosca. Quoi de plus facile pour cet habile manipulateur que d’utiliser la jalousie de l’ombrageuse Tosca pour reprendre Angelotti, perdre Cavaradossi et posséder enfin sa maîtresse ? Tosca sera le jouet des désirs et de la cruauté de l’implacable Scarpia jusqu’à l’instant où elle aura le courage de le poignarder pour se soustraire à un odieux marchandage. Quand Tosca croit pouvoir s’échapper avec Mario de cet univers de terreur, la mort les rattrape de la manière la plus cruelle.

 

 

 

 

 

 

Les commentaires du Président de l'association des "Amis de l'Opéra Grenoble" sur ce spectacle :

 

 

L’année 2020 a débuté avec la représentation de "Tosca" à l’Opéra de Lyon, le dimanche 26 janvier, à 16h.

Représentation source d’une polémique depuis sa création au Festival d’Aix en Provence à l’été 2019.

Polémique soulevée par le concept scénique du metteur en scène, le cinéaste Christophe Honoré, plaçant l’intrigue de nos jours dans l’intérieur cossu et bourgeois d’une grande Diva, ancienne titulaire célèbre du rôle. Personnage rajouté par Christophe Honoré.

Celle-ci accueille la troupe des chanteurs pour une répétition de la partition durant laquelle elle pourra faire part de son expérience, répétition filmée dans le cadre d’un documentaire sur sa carrière de soprano renommée. D’où la présence constante sur le plateau de deux cameramen mobiles.

Tout ceci nous est expliqué par un court prologue parlé avant le lancement de la partition de Puccini.

Partition qui sera intégralement jouée, et respectée.

 

Donc, l’acte I se déroule dans le salon avec la troupe des chanteurs en tenue de ville ordinaire, dans un décor très réaliste et soigné. La Diva est l’ordonnatrice de l’intrigue, secondée par son majordome (rôle muet).

Au dessus du décor frontal, deux grands écrans vidéo sur lesquels nous découvrons les images du reportage en direct, ainsi que plusieurs images d’archives de célèbres cantatrices ayant marqué le rôle de la Tosca (Calas, Tebaldi, Crespin, Caballé, entre autres….).

D’emblée nous sommes embarqués dans cette reconstitution réaliste d’une répétition informelle, avec discussions en aparté, boissons, cigarettes, etc…mais en laissant se dérouler normalement et intégralement la partition de Puccini, avec orchestre dans la fosse et chanteurs et choristes sur scène. Simplement, le drame se noue là au milieu du salon.

Pourquoi pas ?

Mais, très vite l’œil fatigue ! Trop d’agitation et d’éparpillement avec des actions et des images annexes ! La saturation s’installe au détriment du jeu principal. Nous ne savons plus que regarder, que suivre, et où nous mène le metteur en scène.

Le grand final de l’acte I avec le "Te Deum" est magnifiquement chanté par les choristes et enfants de la Maîtrise, eux aussi en tenue de ville ordinaire, et très admiratifs de la grande Diva au point de transformer l’adoration de la Madone en l’idolâtrie de la Diva, assaillie par les demandes d’autographes, et symboliquement portée en procession par le biais d’une grande affiche la présentant dans le costume traditionnel de la Tosca, telle une relique. Certes, belle image très construite et difficile à mener sur le plateau savamment éclairé. Mais, déroutante !

 

A l’acte II, c’est plus calme ! Sensiblement même décor légèrement transformé, avec côté jardin (à gauche) une chambre à coucher et côté cour (à droite) un grand salon. Salon où se déroulera toute l’intrigue du II avec les chanteurs toujours en tenue de ville de répétition.

Scarpia, autoritaire et cynique, et la jeune et sensible Tosca, portent tout le drame de façon bien plus recentrée, sans trop de parasitage (telle une scène de tabassage du majordome totalement inutile !!!!), alors qu’en parallèle, nous voyons la Diva se plonger dans ses souvenirs en étalant ses costumes de scène (Butterfly, Turandot, Salomé, etc…).

Enfin le drame s’incarne vraiment ! Et quel drame que ce terrible deuxième acte !

Nous pouvons alors oublier le contexte contemporain et toutes les scories ajoutées pour appréhender et vivre le drame avec les chanteurs.

C’est au cours de celui-ci que symboliquement Christophe Honoré situe une "passation de pouvoir" entre l’ancienne Diva et la nouvelle qui peut maintenant lui succéder. Pas mal l’idée, réalisée à l’issue d’un sublime "Vissi d’arte" où la jeune chanteuse disparait derrière la Diva, dans un recoin sombre, pour réapparaitre flamboyante dans la mythique robe style empire de la Tosca, toute de velours rouge. L’ancienne adoube la nouvelle !

Puis, c’est le final terrible avec la mort de Scarpia. Là, nous adhérons mieux à la proposition scénique porteuse d’une vérité théâtrale avérée et construite, ceci malgré l’absence du contexte historique du livret. Absence mal ressentie par certains de nos Amis.

 

Acte III : changement radical ! La fosse, durant l’entracte (bravo aux machinistes), a été vidée de ses musiciens et son plancher, où trône un grand fauteuil, remonté au niveau du plateau. Et l’orchestre ? Tout simplement sur le plateau ! Comme pour une version concertante. En fond de scène, un mur supportant une passerelle sur laquelle la Diva et Caravadossi s’effondreront, l’une de douleur, l’autre fusillé.

Et nous assistons bien à une version de concert avec l’apparition des personnages en grande tenue officielle, smoking pour les messieurs et robe lamée de gala pour Tosca. Ils ont acquis le statut de grands interprètes, de diva, magnifiés.

Ainsi se termine la proposition scénique de Christophe Honoré, fort déconcertante et surtout parasitée par tant d’excès d’actions parallèles inutiles (réception mondaine, apéritif, séduction, tabassage, chahut des enfants, etc…) mais non scandaleuse en ne trahissant pas le véritable fondement du drame.

Et même une forte émotion s’est installée durant l’acte II, troublant les spectateurs.

Le final de l’acte III, plus sophistiqué, plus compassé, plus classique, clôture la représentation avec panache.

Certes, pas d’adhésion spontanée ni totale. Certains de nos Amis ne sont pas vraiment entrés dans cette démarche dramaturgique et l’ont regretté mais ont grandement apprécié la qualité musicale.

 

Parlons-en de cette qualité musicale des interprètes :

Là unanimité !! Du grand art !!!

Tout d’abord avec celle qui captiva notre écoute dans une profonde émotion : la jeune soprano russe Elena Guseva, à la tessiture large, assurée, chaude, lumineuse. Peut-être pas tout à fait au niveau des illustres collègues mais capable de restituer d’infinies nuances d’émotions sur son beau visage, et profondément à l’aise avec le jeu scénique. Très bonne comédienne. Nous fûmes sous le charme de cette Tosca juvénile, fragile et vulnérable, mais déterminée, d’abord à la recherche de son personnage, puis l’affirmant face au terrible Scarpia en prenant avec talent le relais de sa célèbre consoeur, pour terminer toute de lumière en soprano reconnue et confirmée. Bravo à elle d’avoir remplacé la titulaire annoncée, l’américaine Angel Blue, promue nouvelle star par la critique. Nous n’y avons en rien perdu au change.

Voire peut-être gagné en mieux pour certains ? Remarquable artiste à suivre absolument !

 

A son côté, Caravadossi, le peintre amoureux et fougueux incarné par le ténor italien Massimo Giordano, moins à l’aise scéniquement et à la voix mal assurée à l’acte I. Après échauffement, elle fut plus affirmée par la suite pour culminer en un bel aria (E lucevan le stelle) très honnêtement chanté.

 

Face à eux, "le méchant", le terrible Scarpia, incarné par le baryton russe Alexey Markov, de belle figure et à la voix ample, cuivrée, timbrée, et au jeu scénique assuré. Belle incarnation du mal qui a mené le drame de façon impressionnante durant l’acte II, affrontant notre Tosca ardente et fragile, acculée au meurtre.

Peut-être chez lui une certaine monochromie dans la coloration vocale.

 

N’oublions pas la Diva adulée et quasi divinisée incarnée dans son propre rôle par la grande Catherine Malfitano, star des années 1980/1990 et inoubliable Tosca, avec Placido Domigo et Ruggero Raimondi, dans la retransmission TV mondiale de juillet 1992, sur les lieux mêmes et aux heures précises du livret.

 

Rien à redire sur l’ensemble des "comprimari" fort bien tenus.

Ni sur le Chœur de l’Opéra de Lyon toujours aussi remarquable de musicalité et de présence, notamment dans le Te Deum.

 

Dans la fosse, un orchestre éblouissant !

Quelle ampleur, quelle puissance, quelle clarté, quelle finesse, quelle maîtrise !! Bravissimi à l’ensemble des musiciens.

Nous fûmes surpris et heureux de les "voir travailler" sur le plateau au dernier acte.

 

Un opéra sans chef ? Impensable ! Et cet après-midi là, chef il y avait !!!

En la personne du jeune milanais, Daniele Rustioni, directeur musical de la phalange lyonnaise.

Au sommet de son art ? Pas tout à fait ? Peut-être mais la maîtrise s’affirmera très sûrement avec les années.

Mais d’ors et déjà, quel engagement dans la dramaturgie de la partition et du livret. Rien n’est laissé de côté, tout est tenu, dirigé, mené, musiciens comme chanteurs.

Ce fut une immersion impressionnante, aux premiers rangs, dans le maelström musical de la création puccinienne.

Magnifique de tension, de subtilité, de finesse, de clarté, d’émotion.

Pourvu que ce chef demeure à Lyon de nombreuses années encore, nous garantissant une qualité d’interprétation de haut niveau !

Digne de la renommée de l’Opéra de Lyon, 2ème maison d’opéra en France après Paris, et désigné au 1er rang des maisons européennes les années précédentes.

 

Bravissimi a tutti !   Longue vie à l’Opéra !

 

Alain GUIPONT

 

 

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