Les Puritains à Marseille

Les Puritains

Vincenzo Bellini

 

Opéra en 3 actes
Livret du Comte Carlo PEPOLI d’après Jacques-Arsène-Polycarpe ANCELOT et Joseph-Xavier BONIFACE dit SAINTINE

Création à Paris, Théâtre Italien, le 24 janvier 1835

 

VERSION CONCERTANTE

Direction musicale              Giuliano CARELLA

Elvira                                         Jessica PRATT

La Reine                                   Henriette Julie PASTURAUD

Lord Arthur                             Talbot Yijie SHI

Sir Richard Forth                  Jean-François LAPOINTE

Sir George Walton                Nicolas COURJAL

Lord Walton                            Éric MARTIN-BONNET

Sir Benno Robertson          Christophe BERRY 

 

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille

 

Après l'échec de Béatrice de Tende en 1833, Vincenzo Bellini rompt avec le librettiste Felice Romani, avec qui il avait créé ses plus grands succès tels que Les Capulet et les Montaigu (1830) ou La Somnambule (1831) et quitte l'Italie pour s'installer à Paris en août 1833. En janvier 1834, il reçoit une commande du nouveau directeur du Théâtre des Italiens, Carlo Severini, incité par Gioachino Rossini qui réside dans la capitale depuis déjà plusieurs années et collabore avec le Théâtre. Le contrat est signé en février 1834. Dans l'effervescence des sphères mondaines parisiennes, Bellini rencontre Carlo Pepoli, un jeune poète italien exilé à qui il confie le livret de son prochain ouvrage : Les Puritains (I Puritani).À partir de mars 1834, Pepoli lui soumet plusieurs intrigues. Bellini porte son choix sur un sujet basé sur le drame historique Têtes rondes et Cavaliers d'Ancelot et Saintine et commence la composition de l'opéra dès le mois d'avril. Les Puritains est son dernier opéra, et se distingue dans l'ensemble de sa production : c'est le premier et dernier opéra écrit après sa longue collaboration avec le librettiste Felice Romani, avec lequel Bellini veut renouer pour un prochain ouvrage. L'inexpérience de Pepoli ralentit la genèse des Puritains et encourage le compositeur à retourner vers son ancien librettiste, mais Bellini n'aura pas le temps d'entreprendre un nouvel ouvrage lyrique et meurt en septembre 1835.

 

Résumé

 

 

Dans le château de Lord Valton, un partisan de Cromwell, on s'apprête à célébrer le mariage de la fille de celui-ci Elvira avec Arturo, pourtant partisan des Stuart. Arturo découvre que la reine Enrichetta a été faite prisonnière et que Valton doit l'amener à Londres pour qu'elle soit jugée et exécutée. Il fait s'échapper la reine et prend la fuite avec elle. Se croyant trahie Elvira perd alors la raison. Quelques mois plus tard, alors qu'Arturo a été condamné à mort par contumace mais qu'il a réussi à échapper à la justice de Cromwell il retrouve Elvira qui finit par le reconnaître et retrouve la raison. Les soldats de Valton les rattrapent mais en fin de compte un message apprend qu'Arturo a été gracié et que plus rien ne s'oppose désormais au mariage.

 

Les commentaires du Président de l'association des "Amis de l'Opéra Grenoble" sur ce spectacle :

 

Ce dimanche 03 novembre 2019, nous étions un petit groupe de 12 personnes en route pour Marseille, bravant le mauvais temps du matin (pluie, vent, orage), pour aller écouter, en version concert, l’ultime chef-d’œuvre de Vincenzo Bellini, "I Puritani", créé à Paris en janvier 1835, et qui fut un grand succès. Malheureusement, Bellini n’eut pas le temps de profiter de cette reconnaissance du public car il décéda quelques mois plus tard d’une infection intestinale fulgurante. Il n’avait que 34 ans !

 

Heureusement, passé Avignon, le ciel devint bien plus clément avec de belles éclaircies et une certaine douceur sur le Vieux Port. Le vent d’autan chassa les derniers nuages l’après-midi en refroidissant nettement l’atmosphère.

Installés dans les fauteuils passablement fatigués du Parterre de l’Opéra, nous assistâmes à une présentation concertante très classique des ces "Puritains", à savoir orchestre et chœur sur scène avec les solistes en rang, figés derrière leurs pupitres, sur l’avant-scène.

Pas de mise en espace minimum, ni même de jeu scénique suggéré !

Juste un sur-titrage précieux de cette version originale en italien.

 

Ceci ne nous empêcha point d’apprécier la bonne qualité musicale des interprètes, chanteurs et orchestre réunis.

Mais l’acoustique du Parterre n’est pas des plus favorables. La vision frontale et réduite de l’orchestre, sans profondeur, nous fit perdre sans doute une part des nuances de l’orchestration de la partition, avec un son un peu compact.

 

Partition parfois vaillante, quelque peu martiale au début, devenant peu à peu plus élégiaque, voire romantique, malgré une réminiscence avérée du "Bel Canto". Des contrastes !

Bellini apporta un soin particulier à son écriture orchestrale, avec des couleurs multiples, en usant des registres des cuivres et des bois, souvent annonciateurs des grands arias.

L’Orchestre de l’Opéra de Marseille restitua très honorablement l’essentiel des caractéristiques de cette partition de transition entre Bel Cano et Romantisme, à savoir : éclat batailleur, brillance, "coloratura" aérienne, solennité, élégie, et surtout lignes mélodiques incomparables. Bien en place et tenu, il pécha par manque de subtilité dans les nuances, sans doute lié à la direction du Maestro Giuliano Carella, précise mais quelque peu monochrome.

Pour autant, l’ensemble des musiciens ne déméritèrent point en offrant une belle version musicale de l’œuvre.

 

Belle version sonore également de la part des chanteurs.

- Avec, en tête, une Elvira sensible, élégiaque, noble, en la personne de la soprano anglo-australienne Jessica Pratt, à la renommée assurée. Belle tenue de la ligne de chant, agrémentée d’une "coloratura" affirmée. Certes la voix n’atteint-elle pas la perfection, parfois sophistiquée, de certaines collègues plus virtuoses, mais elle possède une plus grande humanité !  Et c’est fort précieux !

- A son côté, une révélation en la personne du ténor chinois,Yijie Shi, dans le rôle du fiancé Riccardo. Artiste inconnu de nous jusqu’à ce jour. Voix lumineuse, ligne de chant parfaite, diction italienne remarquable. Puissance encore restreinte mais adaptée à ce rôle encore "bel cantiste". Un bel avenir s’ouvre à ce jeune artiste, très sérieux, très concentré. Un sourire illumina enfin son visage lors de son ovation finale, amplement méritée.

- Une superbe basse pour l’oncle d’Elvira, Giorgio, magnanime et affectueux, celle de Nicolas Courjal, bien connu des Amis, et qui confirme de plus en plus sa solidité vocale, chaude et sensible.

- Un baryton plus éclatant en Riccardo, l’amoureux éconduit, en la personne du canadien Jean-François Lapointe. Voix large, cuivrée, parfois monochrome.

- Deux "comprimari" fort honorables avec la basse d’Eric Martin-Bonnet en Walton et le ténor Christophe Berry en Robertson.

 

Belle prestation des Chœurs de l’Opéra de Marseille, peu visibles car placés en fond de scène.

 

En conclusion, une représentation de qualité, justifiant tout à fait le déplacement marseillais qui nous laissa en tête une rêverie nostalgique toute "bellinienne".

 

Rêverie qui se poursuivit durant le trajet retour nocturne apaisé, tranquille, le ciel redevenu clément.

 

Représentation prouvant, s’il en était besoin, la légitimité d’une version concert d’un opéra propice à une écoute plus exclusive de la musique.

 

Alain GUIPONT

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