Les Pêcheurs de Perles à Turin

Les Pêcheurs de Perles

Georges Bizet

 

Opéra en trois actes de Georges Bizet sur un livret d'Eugène Cormon et Michel Carré, créé le 30 septembre 1863 au Théâtre-Lyrique. Il a été repris dans une nouvelle version après la mort du compositeur en 1893 à l’Opéra-Comique.

 

 

Chef d'orchestre : Ryan Adams                                                            Mise en scène, décors, costumes, chorégraphie et éclairages : Julien Lubeck et Cécile Roussat
Chef des choeurs : Andrea Secchi


Orchestre et Choeurs Teatro Regio Torino
Nouvelle mise en scène Teatro Regio Torino

 

 

Distribution:


Leïla:
Hasmik Torosyan
Nadir: Kévin Amiel
Zurga: Pierre Doyen
Nourabad: Ugo Guagliardo 

 

 

Après des débuts plus que prometteurs, le jeune compositeur Georges Bizet connaît une période de doutes. Il rêve d’écrire un opéra mais tâtonne, hésite sur le sujet, cherche son style. Quand, à 25 ans à peine, il reçoit une commande de l’Opéra Comique, cette période de réflexion semble avoir porté ses fruits : en quelques mois seulement, il compose Les Pêcheurs de perles. L’œuvre ne fait pas l’unanimité du public, ni celle des critiques. Mais certains, comme Hector Berlioz, la défendent et ce avec clairvoyance, car cet opéra reste l’œuvre la plus jouée de Bizet après Carmen.

 

 

L’ARGUMENT

 

L’histoire se déroule sur l’île de Ceylan. Deux pêcheurs de perles et amis d’enfance, Zurga et Nadir, se retrouvent sur la plage. L’un, Zurga, est chef du village. Ils évoquent ensemble leur histoire passée et leur passion commune pour une jeune prêtresse de Candi, Leïla. À l’époque, ils avaient préféré protéger leur amitié en renonçant tous les deux à cet amour. Cependant, Nadir avait secrètement revu Leïla.

Une prêtresse voilée arrive sur la plage pour protéger les pêcheurs par son chant. Nadir reconnaît dans sa voix celle de Leïla et lui répond en chantant. Plus tard, ils se rejoignent secrètement et se déclarent leur amour. Mais le grand prêtre les surprend et les dénonce à Zurga. Celui-ci, fou de jalousie, condamne les deux amants à mort.

 

Seul dans sa tente, Zurga regrette finalement sa cruauté. Lorsqu’il reconnaît en Leïla la jeune femme qui lui avait un jour sauvé la vie en risquant la sienne, il revient sur sa décision et décide d’aider les deux jeunes gens. Ainsi, alors que se prépare l’exécution, Zurga met le feu au village afin de créer une diversion et couvrir la fuite des deux amants.

 

 

 

Le Président de l'association des "Amis de l'Opéra Grenoble" assistait à cette représentation, voici ses commentaires :

 

Début de saison 2019/2020 au Teatro Regio de Turin avec une œuvre française renommée et pourtant peu présente parmi les divers programmes des maisons d’opéra : "Les Pêcheurs de perles" de Georges Bizet. Œuvre de "jeunesse" composée à 26 ans ! Rappelons qu’il est décédé 10 ans plus tard !

Sachons gré au Regio de nous avoir permis de retrouver cette musique française chatoyante, juvénile, et dramatique, digne représentante du "chant français". Un beau succès car nous étions 50 à faire le voyage !

 

Entourant le plateau, en avant plan, un grand cadre de scène en accolade orientalisante avec son double plus petit en arrière-plan. Joli mais étouffant un peu les voix ! Dommage.

Au sol, la rive d’un fleuve, figuré en avant-scène par un revêtement luisant, rivage tout en bombements et douces courbures, de couleur ocre. Sur ce terrain viendront circuler tous les protagonistes, chœur et solistes. Sur la fausse rivière, une barque viendra déposer l’héroïne sur la berge.

Tonalité générale toute orientale, voire indienne, classique, aux multiples costumes traditionnels fort colorés et élégants, faits de tuniques, de saris, de turbans et foulards, de babouches, etc... Belle allure d’ensemble.

Un groupe de danseurs (orientaux ou bouddhistes) ponctuaient l’intrigue de façon symbolique.

Parti pris de premier degré féérique très naïf, parfois maladroit, qui déconcerta au début nos Amis.

Mais, au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue qui se dramatise, le charme opéra et la logique du récit des "Mille et une Nuits" trouva toute sa place et sa légitimité en proposant une très belle lisibilité de l’intrigue, bien plus complexe et ambigüe que la bluette orientale pressentie traditionnellement.

Dès lors, grande satisfaction générale chez nos Amis saluant le beau travail visuel soigné et plein de rêverie, de charme, de douceur, de mélancolie, de drame, de Julien Lubek et Cécile Roussat, auteurs également des décors et costumes, ainsi que des éclairages raffinés !

Point besoin de chercher une quelconque arrière-pensée cachée : simplement se laisser porter par le déroulement du récit onirique finissant dramatiquement et amèrement, même si nos 2 protagonistes sont sauvés in extrémis, laissant seul Zurga plongé dans son abandon.

 

Bizet s’est inspiré des grands maîtres, tel Gounod ou Berlioz. Sa musique demeure encore d’inspiration irrégulière, parfois légère, insouciante, naïve, mais déjà annonciatrice de la maîtrise dramatique qui sera affirmée avec maestria dans son éternelle "Carmen". De très beaux moments romantiques, élégiaques, où le chœur tient sa part entière de protagoniste pareil au "Chœur antique".

Et puis, comment résister au sublime duo ténor – baryton, suivi du "tube" absolu de l’opéra chanté par le ténor, sans négliger le grand arioso de la soprano ? On ne le peut pas et tant mieux !!

 

Bref, un bel ouvrage parfaitement restitué par une équipe de talentueux interprètes.

            - En tête, le baryton français Pierre Doyen, remplaçant l’italien Fabio Maria Capitanucci indisposé, en Zurga, superbe de noblesse, de                style et d’élégance vocale, chaude et profonde. Diction exemplaire !

            - A son côté, l’héroïne, jeune Prêtresse sensible et amoureuse, Leila, incarnée par la soprano arménienne Hasmik Torosyan avec chaleur            et lumière vocale.

            - Un peu plus en retrait, le jeune ténor français Kévin Amiel en Nadir fougueux, ne sachant pas maîtriser cette fougue amoureuse au                  risque de mettre en danger sa compagne. Il lui a manqué de la présence vocale, de la projection et une implication plus dramatique, ceci          malgré un chant soigné et tout à fait honorable, notamment dans sa sublime romance.

            - Enfin, belle tenue vocale de la basse italienne Ugo Guagliardo en Nourabad, le Grand Sacerdoce. Mais, diction plus approximative !

            - Chœur du Teatro Regio comme toujours aussi impeccable de finesse, de puissance et de musicalité. Bravo à leur chef Andrea Secchi.

 

Tout ce beau monde mené par un jeune chef américain très attentif à l’interprétation subtile de la musique française, claire, lumineuse, souple, sensible, romantique, mélancolique et dramatique ! Bravo à Ryan McAdams à la tête du bel Orchestra del Regio, très en place et restituant cette musique avec talent ! Merci à eux tous !

 

Ainsi, l’œil ému et l’oreille enchantée, nos Amis repartirent le cœur en fête.

 

 

Alain GUIPONT

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