Cavalleria Rusticana - Pagliaci à Gênes

Cavalleria Rusticana

Pietro Mascagni

 

Pagliaci

Ruggiero Leoncavallo

 

CAVALLERIA RUSTICANA 

       Melodramma en un acte de Pietro Mascagni  (1863-1945)

       Livret de Giovanni Targioni-Tozzetti et Guido Menasci

       Création : Rome, Teatro Costanzi,17 mai 1892 

PAGLIACCI 

       Dramma en deux actes de Ruggiero Leoncavallo (1858-1919)

       Livret du compositeur 

                                           Création : Milan, Teatro dal Verme, 21 mai 1892

 

Réalisateur, Giuseppe Finzi

Réalisé par Teatrialchemici - Luigi Di Gangi et Ugo Giacomazzi

Mise en scène, Federica Parolini

Costumes, Agnese Rabatti

Lumières, Luigi Biondi

 

Orchestre, chœur et chœur des voix blanches du Teatro Carlo Felice

Chef d’orchestre, Francesco Aliberti

Maître du chœur des voix blanches, Gino Tanasini

 

Nouvelle mise en scène 

coproduite par la Fondation du théâtre Carlo Felice - Fondazione Maggio Musicale Fiorentino

 

CAVALLERIA RUSTICANA
Santuzza, 
 Sonia Ganassi
Turiddu, Diego Torre
Alfio, Gevorg Hakobyan
Lola, Giuseppina Piunti
Mamma Lucia, Carlotta Vichi

 

 

PAGLIACCI
Nedda, 
Donata D’Annunzio Lombardi
Canio, 
Diego Torre
Tonio, Carlos Álvarez
Peppe/Arlecchino, Matteo Roma
Silvio, Francesco Verna
Un contadino, Maurizio Raffa
Un altro contadino, Marco Piretta

 

 

« Cav/Pag » c’est ainsi que les amateurs d’opéra prendront l’habitude de désigner Cavalleria rusticana et Pagliacci, les deux ouvrages jumeaux du vérisme. A l’origine de cette appellation on trouve l’initiative du Metropolitan Opera de New-York qui décide de les faire représenter ensemble un soir de 1895 parce que chacun d’eux est trop court pour remplir à lui seul une soirée. Ce rapprochement dont il n’y a pas d’autre exemple est devenu presque systématique bien qu’il ne résulte d’aucune stratégie concertée de la part des deux compositeurs, Mascagni et Leoncavallo.

 

Composés à deux ans d’intervalle, ces deux drames de la jalousie présentent d’évidentes similitudes de construction et de style. Ils ont pour cadre le Mezzogiorno, terre de paysans rudes et intransigeants sur l’honneur. Et ils sont surtout le fer de lance d’une tentative de renouveau du genre lyrique, le « vérisme musical » qui puise son origine dans la littérature italienne de la fin du XIXème siècle. Avec Cavalleria rusticana et Pagliacci l’opéra se voit assigner une nouvelle dimension dramatique : il sera désormais l’expression « d’une tranche de vie » loin des sujets nobles fournis par l’histoire, la mythologie ou la tragédie. Le chant devra restituer les déchirements de la passion dans une sorte d’emportement lyrique « naturel » dont les éclats auront la force du sentiment « vécu ». En investissant le domaine du « réalisme », l’opéra vériste ouvre la boîte de Pandore de la notion de vraisemblance et se heurte  à la difficile tentative de concilier naturel et vérité dans une œuvre d’art. Le vérisme est d’emblée dans l’ambiguïté. Peut-il exister dans l’univers de convention qu’est par excellence l’opéra ? La fidélité exacte à la réalité ne devrait-elle pas commencer par l’élimination pure et simple du chant, moyen d’expression qui va à l’encontre du vraisemblable dans un monde rural soumis aux passions et aux violences d’un implacable code de l’honneur ?

 

Résumé Cavalleria Rusticana 

 

 

C’est le matin de Pâques dans un village sicilien. Une jeune fille triste et inquiète, Santuzza, est à la recherche de son amant Turridu qui l’a trahie pour renouer avec Lola son ancienne fiancée, qu’il a retrouvée mariée au riche Alfio à son retour de l’armée. Santuzza essaie vainement de reconquérir son amant. Folle de jalousie, elle dénonce Lola et Turridu à Alfio, le mari trompé. Dès lors, le destin de Turridu est scellé. Alfio le provoque en duel. Après avoir fait ses adieux à sa mère, Turridu se rend au rendez-vous fatal. 

Résumé Pagliacci

 

 

Une troupe de comédiens ambulants arrive dans un petit village de Calabre. Canio, en costume de Paillasse, invite les villageois au spectacle qui sera donné le soir même. Un des comédiens, Tonio, se montre très empressé auprès de la femme de Canio, la jolie Nedda, en costume de Colombine. Or Canio est un mari jaloux. Pourtant sa femme a repoussé avec mépris les avances de Tonio, qui jure de se venger. L’occasion se présente quand Tonio surprend Nedda avec le jeune paysan Silvio qui, lui, a réussi à conquérir le cœur de Nedda. Les deux amants projettent d’ailleurs de partir ensemble. Tonio alerte Canio, qui a juste le temps de voir Silvio prendre la fuite à travers champs. Nedda refuse de révéler qui est son amant. Canio parvient à dominer sa fureur et il se prépare pour le spectacle. Les villageois s’installent et Silvio se dissimule parmi eux. Le spectacle commence. Canio, dans le rôle de Paillasse, donne la réplique à Nedda, dans celui de Colombine. Progressivement la réalité envahit la scène sans que les spectateurs s’en aperçoivent.  Canio confond la fiction et le réel et la comédie vire au drame sanglant quand, poussé à bout, le comédien poignarde réellement sa femme, puis son amant venu la secourir sur scène. Aux spectateurs horrifiés Canio lance : «  la comédie est finie ».

 

Les impressions de Christiane Blondet, Secrétaire de l'Association des Amis de l'Opéra-Grenoble, sur le séjour à Gênes.

 

Deuxième séjour de notre saison lyrique de 2018/2019 en cette fin de mois de mai en Ligurie.

Gênes est une ville portuaire où il y a beaucoup de brassage, de diversités et de couleurs.

Lundi, nous sommes arrivés par le port sous une pluie battante mais ...Euréka !!, les gouttes d’eau ont cessé et laissé place à de beaux rayons de soleil, nos 44 « Amis » en ont été ravis.

L’accueil à l’Hôtel Vittoria est toujours aussi sympathique et bien organisé par notre fidèle « Paolo ».

Une fois installés, nous sommes allés tous ensemble déjeuner à notre habituel restaurant « Le Perico » où là encore, la gentillesse, la bonne et généreuse nourriture nous attendaient.

Après-midi libre où chacun a visité à son rythme les monuments de la ville, les palais, les expositions et les boutiques.

 

Mardi, malgré un temps couvert, nous avons pu faire notre escapade touristique : tout d’abord, le petit port de pêche de Camogli, village aux maisons hautes et colorées d’où les épouses surveillaient le retour de leurs maris partis pêcher en mer.

Nous avons délicieusement déjeuné à « la Rotonda » de poissons, de coquillages et de crustacés.

La cuisine est de qualité, les nouveaux propriétaires sont agréables et compréhensifs.

Vers 15h, d’attentionnés bateliers nous ont embarqués pour aller faire la visite de l’Abbaye de San Fruttuoso, quel lieu mystique magnifique! Deux ou trois rayons de soleil auraient illuminé d’une belle aura ce lieu divin niché au creux des rochers.

Nous avons continué notre virée en mer jusqu’à Portofino, « le Saint-Tropez » Italien avec boutiques de luxe où les créateurs s’en donnent à cœur joie et les prix aussi !! mais le site est remarquable. Nous sommes rentrés à l’hôtel fourbus mais contents de cette belle journée riche et variée.

 

Enfin, sur le chemin du retour, Dieu Râ (ou Rê) s’est montré plus généreux et a baigné d’une belle lumière ce splendide site de Vicoforte. Déjeuner dans une des salles du Cloître fut un vrai plaisir, le repas simple et goûteux fut bien apprécié. L’atmosphère particulièrement calme et sereine de ce lieu a touché bon nombre de nos « amis ».

 

De grands remerciements à Jean-Pierre, notre excellent chauffeur. Il a bien fallu toute son expérience, sa dextérité et sa patience, pour conduire dans les rues étroites de Gênes et de Camogli.

Faute de trouver une place pour garer le bus, il n’a pu hélas partager avec nous la sortie à Camogli.

Merci de sa prévenance et de sa disponibilité envers nos « amies » en difficulté.

 

Séjour satisfaisant dans son ensemble malgré une météo mitigée mais enfin sans pluie !

 

Côté opéras : dyptique vériste de CAV/PAG de Mascagni/Leoncavallo au Carlo Felice de Gênes où nous venons tous les ans avec grand plaisir.

 

- Cavalleria Rusticana est inspiré d’une brève nouvelle du romancier sicilien Giovanni Verga chef de file du mouvement littéraire italien vériste.

 

- Paggliacci est tiré d’un fait divers réel au cours d’une représentation à la commedia dell’arte.

 

Ces deux œuvres véristes, souvent associées, montrent à quel point le mélodrame connaît une explosion de passions comme l’amour, la trahison et la jalousie qui mènent inévitablement à la tragédie finale : les meurtres de Turiddu dans Cavalleria et de Nedda et Silvio dans Pagliacci .

Ces aspects imprègnent l’âme humaine depuis la nuit des temps et c’est pour cette raison que les réalisateurs Luigi Di Gangi et Ugo Giacomazzi, qui se sont "baptisés" du nom de Teatrialchemici, ont imaginé, grâce au travail de la scénographe Federica Parolini, d’utiliser le même fond pour les deux œuvres, ne changeant qu’une partie de la mise en scène pour donner une importance maximale aux relations interpersonnelles entre les personnages.

Les scènes sont plus convaincantes dans "Pagliacci", où une sorte de rideau rudimentaire du début devient presque par magie le chapiteau d’un cirque pour la représentation finale tragique.

Bien entendu, des éléments devaient différencier et caractériser les deux œuvres différentes.

Les costumes d'Agnese Rabatti ont contribué à la création de l'atmosphère appropriée, aidés également par les lumières de Luigi Biondi, un peu sombres, laissant parfois les artistes un peu dans l’ombre.

  

Les interprètes :

Diego Torre est le point fort de la production étant le protagoniste (Turiddu et Canio) des deux œuvres, sans doute plus confiant dans Cavalleria Rusticana de Mascagni où il nous donne une voix élancée pleine d’harmoniques d’un niveau technique élevé.

Il se montre un interprète talentueux et compétent tant vocalement que scéniquement.

Son Turridu est remarquable tant dans les duos avec Santuzza que dans les moments lyriques (en particulier dans la première «Siciliana» )

 

Nous attendions avec impatience Pagliacci de Ruggero Leoncavallo et surtout l’interprétation du célèbre "Vesti la giubba", le moment le plus élevé de son Canio.

Ici le traître devient trahi et la jalousie l’obsède, il entame son « Ridi Pagliacco » magistralement chanté jusqu’au spasme. La voix solide s’efface volontairement sous un sourire douloureux, un masque de larmes qui donne de la force à la chanson, le tout récompensé chaleureusement par le public.

Diego Torre est impétueux, le son de sa voix même dans le registre grave reste très agréable, un très bon Canio émouvant et touchant.

 

Sonia Ganassi est une Santuzza surprenante, engagée scéniquement et techniquement, le phrasé est bien sculpté, expressif au maximum, précis dans l’intonation, quelques inégalités dans les aigus qui n’annulent en rien la belle ligne chantée.

Le déclamé est incisif avec d’innombrables accents, la ligne vocale à la chaleur blanche reste toutefois tendue. Le registre du mot parlé est bien utilisé. Très appréciée et très applaudie par le public gênois.

 

Donata D'Annunzio Lombardi , est une Nedda magistrale, élégante avec du tempérament, passionnée et rêveuse comme cruelle et coquette qui risque sa vie pour l’amour.

Au niveau du chant, la voix douce lyrique de Donata D'Annunzio Lombardi s'exprime mieux dans le duo avec Silvio et dans le rôle de Colombina, où elle sait se mouvoir avec élégance, faisant preuve d'une sécurité expressive et d'une solidité vocale remarquable.

 

Carlos Àlvarez  est la quatrième étoile de la soirée. Il est un brillant Tonio, en grande forme vocale.

Sa voix est robuste et soutenue par de nobles accents, sa ligne de chant solide est capable de longues phrases existantes.

Le grand prologue « si Can ? » est un chef-d’œuvre d’écriture musicale, un véritable manifeste de poétique vériste, Carlos Alvarez en fait un moment divin et à partir de là, tout l'attend sur scène pour qu'il puisse jouir de ses grandes qualités d'interprète et déchaîne ainsi le délire du théâtre.

Carlos Alvarez est tout simplement un des grands barytons de notre époque ainsi que Ludovic Tézier.

 

Les rôles de l'équipe sont également confiés à des professionnels de renom :

 

Carlotta Vichi :  (Mamma Lucia), un peu trop souffreteuse et du coup en retrait.

Giuseppina Piunti :  (Lola) un peu faible, le son de voix se fait trop discret.

Gevorg Hakobyan :  (Alfio) est un puissant baryton qui se démarque par un phrasé correct avec de belles sonorités et un bel engagement théâtral.

Francesco Verna : (Silvio) a un beau timbre sombre et son extension est sûre dans la plage supérieure; soutenant beau le long duo amoureux.

Matteo Roma : (Beppe) se distingue par son engagement et ses émissions soutenues, ce qui nous donne un arlequin délicat.

 

Giuseppe Finzi, le maestro italien de la nouvelle génération a beaucoup d’expérience dans le domaine de l’opéra. Il a dirigé de façon assez énergique, voire accélérée mais tout en prenant soin de la dynamique et des couleurs. Il a satisfait les moments les plus lyriques et les plus cantabiles.

Malgré quelques inadéquations et certaines inexactitudes d’intonation ressenties dans le chœur et l’orchestre, ce fut une très belle performance

 

Francesco Aliberti, (maître de chœur) du Teatro Carlo Felice reçoit un éloge convaincant.

Le chœur est en grande forme avec une expression puissante et une excellente concertation.

 

Le public présent dans la salle fait de généreuses ovations, non sans raison, compte tenu de la qualité de l’appareil musical de la production.

 

 

Christiane BLONDET

 

 

 

 

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