Cosi fan tutte à St Etienne

Cosi fan tutte

Wolfang Amadeus Mozart

 

Opéra bouffe en 2 actes

LIVRET DE LORENZO DA PONTE
CRÉATION LE 26 JANVIER 1790
À VIENNE (BURGTHEATER)

DIRECTION MUSICALE
JOSÉ LUIS DOMÍNGUEZ MONDRAGÓN
MISE EN SCÈNE
CHRISTOPHE GAYRAL
DÉCORS
MATHIEU LORRY-DUPUY
COSTUMES
FRÉDÉRIC LLINARES
LUMIÈRES
MARIE-CHRISTINE SOMA

FIORDILIGI                                          ÉLODIE HACHE

DORABELLA                                        MARION LEBÈGUE

GUGLIELMO                                        MARC SCOFFONI

FERRANDO                                          MARCO CIAPONI

DON ALFONSO                                    LAURENT ALVARO

DESPINA                                               PAULINE COURTIN

 ORCHESTRE SYMPHONIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE

 CHŒUR LYRIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE

 NOUVELLE PRODUCTION DE L’OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE

 DÉCORS ET COSTUMES RÉALISÉS PAR LES ATELIERS DE L’OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE

Après le succès rencontré par Les Noces de Figaro, l'Empereur Joseph II, protecteur de Mozart, lui commande un opéra buffa. Il fixe le thème inspiré d'un évènement réel qui avait amusé tout Vienne : deux officiers à Trieste avaient échangé leurs femmes. Livret et partition sont écrits en un mois, en décembre 1789. Une répétition de l'opéra a lieu chez Mozart lors du réveillon de l'année 1790 et au théâtre de Vienne le 21 janvier suivant (probablement avec Haydn dans le public).La création de l'opéra le 26 janvier 1790 au Burgtheater de Vienne est un grand succès. Hélas la mort de Joseph II le 20 février entraîne la fermeture des théâtres pour deuil. À la réouverture des salles en avril, Cosi fan tutte n'aura que quatre représentations supplémentaires.

Résumé

 

Dans un café napolitain, Don Alfonso discute avec deux amis, Guglielmo et Ferrando, qui prétendent que leurs fiancées sont fidèles et honnêtes. Alfonso considère quant à lui que la fidélité des femmes n’existe pas et parie aux jeunes gens qu’il arrivera à le prouver le soir même. Les deux amis acceptent de jouer le jeu : ils prétendent devoir partir à la guerre puis vont tenter de séduire leurs propres fiancées sous de fausses identités. Tout d’abord révoltées par leurs avances, les fiancées Fiordiligi et Dorabella repoussent dans un premier temps leurs amants déguisés sous les traits de deux jeunes Turcs. Mais sous la pression de leur servante Despina, complice d’Alfonso et qui leur conseil de céder à l’appel de l’amour, les deux jeunes femmes finissent par succomber à la tentation. Feignant de découvrir leur trahison en revenant de la guerre, Guglielmo et Ferrando dévoilent finalement la supercherie à leur fiancées stupéfaites. Cependant, tout se termine pour le mieux lorsqu’Alfonso réunit les amants en vantant les mérites de la raison.

 

 

Les commentaires du président de l'Association des Amis de l'Opéra Grenoble sur la sortie à Saint Etienne :

 

 

Sortie exceptionnelle en ce dimanche 03 février à l’Opéra de Saint-Etienne, pour une représentation du "Cosi fan Tutte" de Mozart. Exceptionnelle car offerte à l’ensemble des Amis en remerciement de leur fidélité.

87 personnes avaient répondu à l’appel, en deux cars. Ambiance hivernale avec la neige en Terres froides puis à Saint-Etienne mais fort heureusement pas sur l’ensemble du parcours.

Nous pûmes arriver à bon port au Restaurant du "Carré des Nuances", au Musée d’Art contemporain, les pieds dans la neige et en plein vent ! Mais, très vite la chaleur de l’accueil et la qualité du Brunch nous a vite fait oublier les frimas extérieurs. Moments privilégié de partage amical très agréable.

Puis, transfert au Grand Théâtre Massenet, aux accès très enneigés, pour aller s’installer confortablement dans la grande salle, entre Orchestre et Balcon.

                                                                                                                                             

L’hiver fut vite oublié grâce au dispositif scénique proposé par le jeune metteur en scène Christophe Gayral :

un intérieur de villa balnéaire, bourgeoise et un peu rétro, ouvrant sur une découverte du littoral méditerranéen ensoleillé, avec un grand salon et une mezzanine donnant accès aux chambres grâce à un escalier à vis.

Le ton fut donné d’une transposition moderne de l’intrigue dans les années soixante dix qui ne trahira pas le sens profond du livret.  Le déroulé de l’opéra fut fort lisible, tout à fait classique, sans aucune dérive excentrique mal venue. Plutôt une fraîcheur de jeu grâce à la jeunesse des rôles mais aussi à celle des interprètes tous en harmonie avec leur personnage.

 

Christophe Gayral a choisi l’angle de la comédie, douce amère certes, mais enlevée, légère, parfois joyeuse voire irrévérencieuse. Personnages très caractérisés entre les trois couples : deux sœurs élégantes, bourgeoises et bien élevées, deux jeunes hommes modernes, enjoués et parieurs, un meneur de jeu en chemise bariolée de vacancier et hâbleur, une jeune et piquante servante délurée et n’ayant pas froid aux yeux ! Le ton de la comédie perdurera jusqu’à l’épilogue de l’opéra.

Ton plaisant, attachant, rieur mais aussi mélancolique, basé sur l’opposition des caractères entre "quand à soi" attaché aux principes et émancipation avec jean, tee-shirt, basket, et même "baba cool" tendance "krishna" pour la scène du pseudo mariage !

 

Pour autant, le contenu de l’intrigue aux multiples travestissements tant physiques que mentaux fut parfaitement lisible, crédible.

L’ensemble mené par une direction d’acteurs-chanteurs très cohérente, précise, tenue, avec une occupation du dispositif scénique intelligente. Bravo à l’engagement théâtral des jeunes interprètes.

Ce fut évidemment un grand plaisir que de se laisser porter par le rythme de cette proposition.

Travail réglé comme du papier à musique avec des changements à vue parfois complexes menés de main de maître avec fluidité et efficacité, concourant à la dynamique  du spectacle.

 

Cependant, j’aurai un regret, celui de ne pas être allé au plus profond de l’œuvre de Mozart, en surfant un peu trop sur cette belle écume divertissante. Non pas que la partition ait été édulcorée, bien au contraire. L’orchestre et les chanteurs ont donné corps à la beauté de cette musique si évidente, si riche de mélodies, de tendresse, de tristesse, de drôlerie.

Mais, la scénographie est restée en retrait par rapport aux véritables questionnements induits dans le livret et la musique par Da Ponte et Mozart. Questionnements qui ébranlent nos certitudes humaines sur l’amour, la sincérité, l’amertume, le regret, le doute, etc….Là réside l’immense richesse de cet opus du divin Amadeus.

Comme toujours chez lui, au-delà du discours visible, résonne une multitude de nuances d’esprit dans les harmonies savantes de sa musique. Là se trouve l’émotion vraie, celle qui vous porte au long de la partition mais qui vous bouscule et laisse une trace une fois le rideau tombé !

Regret sans doute très personnel mais que j’assume.

Cela n’a pas terni le plaisir de cette belle représentation partagé par le grand nombre de nos Amis présents.

 

Parlons interprètes maintenant :

-        Fiordiligi, celle qui résistera le plus longtemps, porteuse des valeurs, incarnée par la soprano Elodie Hache, déjà entendue ici même dans l’Hérodiade de Massenet. Voix solide, chaude, tenue. Seules quelques tensions métalliques dans certains forte, qui se sont estompés.

-        Dorabella, plus encline à tenter l’aventure, incarnée par la mezzo Marion Lebègue, voix plus douce mais elle aussi tenue.

-        Guglielmo, jeune officier prêt à jouer le jeu ambigu de l’échange, incarné par le vaillant baryton Marc Scoffoni.

-        Ferrando, lui aussi jeune officier tenté par le subterfuge mais moins fougueux que son camarade, incarné par le ténor Marco Ciaponi, à la voix chaude et lumineuse, avec une belle ligne de chant.

-        Don Alfonso, le meneur de jeu, plus âgé et plutôt revenu de tout, sans scrupules, incarné par la basse Laurent Alvaro, belle et ample voix mais malheureusement la diction n’était pas au rendez-vous. Dommage.

-        Despina, la servante désabusée et délurée qui au final est peut-être la véritable meneuse de jeu ( ?), incarnée par la pétulante soprano Pauline Courtin. Pas une grande voix mais le personnage vivait !

 

Tous jeunes chanteurs méritants qui nous ont proposés de très beaux arias soli ainsi que des ensembles envoûtants ! Bravo à eux tous !

Brève intervention du Chœur, dans la fosse au début, puis sur scène, de belle musicalité.

 

Dans la fosse, l’Orchestre symphonique de Saint-Etienne Loire fit preuve de belles qualités musicales, d’homogénéité, capables de restituer les nuances de la partition. Cela concourut aussi au plaisir de cette représentation. Bravo au Chef José-Luis Dominguez Mondragon capable de mener son orchestre avec rigueur et musicalité. Et, l’on a pu constater combien la musique de Mozart offre comme palettes de couleurs, de sensations, de sentiments : témoin le sublimissime Trio du départ !!! Entre autres chefs d’œuvres !

 

Journée très particulière bien remplie, de plaisirs gustatifs et d’enchantements musicaux !

Nous saluons ici la qualité d’accueil si chaleureuse et fort attentionnée au bien être des Amis tant du restaurateur que des équipes du Grand Théâtre Massenet ! Grand merci à eux tous !

Grand merci également à nos deux conducteurs valeureux et très professionnels, Alphonse et Christian, pour leur dévouement et gentillesse ! Nous leur avons proposé deux billets restants pour assister à l’opéra. Nous croyons savoir qu’ils y ont pris un grand plaisir !

 

Longue vie à l’Opéra ! Et aux Amis de l’opéra !

 

Alain GUIPONT

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