Hérodiade à St Etienne

Hérodiade

Jules Massenet

 

Opéra en 4 actes et 7 tableaux

 

LIVRET DE PAUL MILLIET ET D’HENRI GRÉMONT 
INSPIRÉ D’HÉRODIAS DE GUSTAVE FLAUBERT
CRÉATION LE 19 DÉCEMBRE 1881 À BRUXELLES (THÉÂTRE ROYAL DE LA MONNAIE)

 

direction musicale      jean-yves ossonce
mise en scene                jean-louis pichon
decors et costumes     jerome bourdin
lumieres                       michel theuil
choregraphie               aurence fanon                                                           

video                             georges flores

 

 


salome                      elodie hache
herodiade                 emanuela pascu
jean                           florian laconi
herode                      christian helmer
phanuel                    nicolas cavallier
vitellius                  jean-marie delpas
la babylonienne      catherine seon
le grand pretre      bardassar ohanian
la voix                     PIER
-YVES TETU

ORCHESTRE SYMPHONIQUE
SAINT-ÉTIENNE LOIRE

CHŒUR LYRIQUE
SAINT-ÉTIENNE LOIRE

COPRODUCTION
OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE,
OPÉRA DE MARSEILLE

COSTUMES RÉALISÉS PAR LES ATELIERS DE L’OPÉRA DE SAINT-ÉTIENNE
DÉCORS RÉALISÉS PAR LES ATELIERS DE L’OPÉRA DE MARSEILLE

 


Opéra en quatre actes et sept tableaux, Hérodiade fut créé à La Monnaie de Bruxelles avant d’être donné à Paris trois ans plus tard au Théâtre italien dans une traduction italienne. Il faudra attendre 1921 pour que l’Opéra de Paris accueille l’ouvrage dans sa version définitive datée de 1895. Malgré le succès remporté par Le Roi de Lahore (1877), le premier ouvrage que Jules Massenet a écrit pour l’Opéra Garnier, le directeur Auguste Vaucorbeil (1821-1884) refuse Hérodiade en lui reprochant son absence de « carcasse ». La création bruxelloise contraint toute l’élite musicale parisienne à se déplacer pour acclamer Massenet. Hérodiade poursuivra ensuite son chemin jusqu’à Milan et Budapest avant d’atteindre enfin Paris. Sans jamais être au premier plan, l’œuvre se maintiendra au répertoire jusqu’à nos jours. 

 

En remaniant plusieurs fois sa partition de 1881 à 1895, Jules Massenet (1842-1912) façonne une intrigue dont les différents développements semblent parfois manquer d’enchaînement. Très librement inspiré d’Herodias, un des Trois Contes (1877) de Flaubert, Hérodiade a pour origine un  premier scénario esquissé par le librettiste italien Angelo Zanardini (1820-1893), le traducteur du Roi de Lahore. Le livret français est dû à Paul Milliet (1855-1924) et au propre éditeur de Massenet, Georges Hartmann (1843-1900), qui se cache sous le pseudonyme d’Henri Grémont. Les trois hommes se retrouveront pour Werther (1892). Hérodiade s’éloigne sensiblement de la version biblique. Il reste bien peu de la sulfureuse belle-fille d’Hérode responsable de la décapitation du prophète. Ignorant qui est sa mère, Salomé est une jeune fille passionnément éprise de Jean-Baptiste dont elle désire partager la mort. C’est une séductrice voluptueuse et sincère qui n’a pas les ambiguïtés de la Salomé (1905) de Richard Strauss. Loin de réclamer la tête du saint homme, Salomé s’emploie à le sauver et elle tente de poignarder sa mère, Hérodiade, qui ne se fait reconnaître d’elle qu’au dernier moment, après le supplice de Jean. Le drame familial, l’amour et la politique tissent un réseau de sentiments et de motivations galvanisés par l’énergie d’une musique qui sait aussi plonger l’auditeur dans une atmosphère envoûtante empreinte d’une certaine  morbidité. Comme il était d’usage à l’époque, l’opéra est agrémenté de nombreuses danses, et même d’un ballet complet à l’acte quatre.

 

 

Résumé

 

 

Depuis longtemps Salomé recherche sa mère qui l’a abandonnée. La jeune fille a trouvé la paix auprès d’un prophète, Jean le Baptiste qu’elle aime passionnément, mais elle ignore toujours que sa mère est Hérodiade, la femme d’Hérode. Or, Jean a suscité la haine d’Hérodiade qui réclame sa tête à son mari. La seule préoccupation d’Hérode est Salomé qui l’obsède par sa beauté. La jalousie finit par pousser le roi à condamner Jean. Salomé implore vainement Hérode de sauver celui qu’elle aime, et elle tente de poignarder sa mère, Hérodiade, qui ne se fait reconnaître d’elle qu’au dernier moment, après le supplice de Jean. Désespérée par cette révélation, Salomé se poignarde elle-même.

 

 

 


Les commentaires du Président de l'Association des Amis de l'Opéra Grenoble sur  "HÉRODIADE" de Jules MASSENET :

 

             Première sortie stéphanoise de notre saison 2018.2019 ce dimanche 18 novembre pour la représentation de l’Hérodiade de Massenet. Temps gris et froid. Trajets aller et retour perturbés par des manifestations mais cela n’a pas entravé gravement le bon déroulement de notre programme.

 

Nous étions confortablement installés au Balcon central, bénéficiant d’une superbe vision de la scène et d’une acoustique remarquable, "sonnant" parfois trop fort dans les moments passionnés de la partition.

 

Sur scène, un dispositif minimum, avec un plateau dénudé entouré de structures suspendues en forme de gille horizontale comme des pointes, ou des lances. En fond de scène, un grand panneau mural,  ou des projections savamment intégrées à l’intrigue : ciels, paysages marins ou rocailleux, muraille, etc…

 

Le tout en une dominante de tons chauds, bruns, ocrés, beiges, qui se retrouvent sur l’ensemble des costumes plutôt cossus, suggérant une cour royale un peu intemporelle ou universelle. Peut-être eut-il fallu différencier le costume du Baptiste des autres afin de mieux éclairer son opposition politique et philosophique envers cette cour affectée et autoritaire ?

 

Travail soigné des lumières, tantôt nimbant le plateau d’une douce clarté, tantôt ciblant les personnages, tantôt plein feu.

 

Seuls quelques éléments scéniques – grilles, trônes, suspensions, lanternes,… – viennent ponctuer l’espace en fonction de l’intrigue.

 

Dispositif peu spectaculaire certes, car la production ne doit pas bénéficier de gros moyens financiers, mais une mise en scène parfaitement logique, cohérente et lisible, conçue par Jean-Louis Pichon, natif de Saint-Etienne et qui fut  directeur du grand Théâtre Massenet quelques années auparavant.

 

Travail de jeu théâtral classique, très linéaire, relativement simplifié, exposant clairement l’intrigue. Lui manquait parfois une certaine implication plus dramatique.

 

Côté interprètes :

 

Une belle équipe homogène, menée par les deux rôles féminins principaux :

 

     -    Tout d’abord avec la chaude voix de mezzo d’Emanuela Pascu dans le rôle titre, celui d’une reine à la fois             douloureuse et implacable dans son désir de vengeance.

 

     -   Puis avec la voix plus acide mais brillante et engagée de la soprano Elodie Hache en une Salomé                           déterminée. Juste une tension trop perceptible dans les "forte" aigus parfois criards.   

   

    A leur côté :

 

     -   La noble présence imposante, tant vocale que physique dans son "manteau royal",  du baryton-basse Nicolas        Cavallier incarnant le pharisien Phanuel dont les dons divinatoires mènent l’intrigue.

     -   La voix plus héroïque et impressionnante de projection du baryton Christian Helmer en roi Hérode, peut-être        un peu jeune pour le rôle mais à l’élégante silhouette.

     -   Et enfin, la voix plus solaire du ténor Florian Laconi, très familier de ce répertoire, en Jean le Baptiste, enjeu        du drame, qui nous a procuré une belle émotion dans sa grande invocation du dernier acte, toute de souffle et        de rayonnement, chargée de ferveur mystique.

    Nous avons eu la surprise de retrouver notre ténor une heure après au relais autoroutier du retour ! Rencontre        inopinée et chaleureuse permettant de lui prodiguer notre remerciement pour sa belle prestation, ainsi que

    celle de ses partenaires. Il nous a fait part de son contentement d’avoir eu cet après-midi là un public réactif et      chaleureux pour la dernière représentation.

     -   En rôle plus secondaire, l’ample voix de basse de Jean-Marie Delpas en Vitellius, le proconsul romain.

     -   Sans oublier les "comprimari" de bonne tenue également : Catherine Séon, Pier-Yves Têtu et Bardassar                Ohanian.   

 

Une grande qualité de diction de la langue française de la part de tous ces artistes. Bravo à eux !

 

Idem pour le remarquable Chœur lyrique de Saint-Etienne Loire, impressionnant de musicalité et de phrasé, tant dans les ensembles que dans la bouleversante prière chantée mezzo voce d’une finesse rarement entendue. Là aussi, un grand bravo !

 

Dans la fosse, l’Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire, de facture très honnête au début, devenant ensuite plus affirmé avec des sonorités mieux diversifiées et une bonne musicalité, tant dans les grands tutti orchestraux que dans les deux préludes si poétiques. Un bel orchestre au service de la partition complexe et chargée d’expressivité du maestro Massenet.

 

Dirigeant ces ensembles, le chef Jean-Yves Ossonce, familier du répertoire français, sachant tenir et soutenir ses interprètes. Direction pleine de musicalité, mettant en valeur les subtilités de la partition, jugée parfois trop forte par certain de nos Amis (sans doute l’acoustique du Balcon ?). Pour ma part, j’aurai souhaité parfois plus d’implication dramatique.

 

Mais, ce fut une belle représentation d’une œuvre inédite méritant d’être mieux reconnue.

 

 

Longue vie à l’Opéra et aux Amis de l’Opéra-Grenoble !

 

 

Alain GUIPONT

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