Le Trouvère à Turin

Le Trouvère 

Guiseppe Verdi

 

Drame en 4 actes

Librettistes : Salvatore Cammarano et Leone Emanuele Bardare 

Tiré du drame du même nom d'Antonio García 

 

Personnages et Interprètes

 

Leonora, soprano                                           Rachel Willis-Sørensen

Manrico, ténor                                                 Diego Torre

Azucena, mezzo-soprano                            Anna Maria Chiuri

Comte de Luna, baryton                              Massimo Cavalletti

Ferrando, basse                                               In-Sung Sim

Ines, soprano                                                    Ashley Milanese

Ruiz, Tenor                                                         Patrizio Saudelli

 

Chef d'orchestre                Pinchas Steinberg

Réalisé par                           Paul Curran

Scènes et costumes         Kevin Knight

Lumières                              Bruno Poet

Chef de chœur                   Andrea Secchi

 

Orchestre et Chœur du Teatro Regio

 

Coproduction théâtre municipal de Bologne

 

 

Amour et haine, peur et passion… Il y a tout dans cette histoire pour tenir le spectateur en haleine. Tout, et plus encore : un duel, une sérénade, une voix venue du ciel, quelques vieilles haines recuites au feu des bûchers, des serments d’amour, des promesses de vengeance sur plusieurs générations, une dose de poison, un miserere poignant, un chœur de gitans, et le tube absolu qu’est Di quella pira… On y ressent aussi la fièvre d’un compositeur dans une période de fécondité exceptionnelle : en 1851, Verdi composait Rigoletto en quarante jours tout en pensant déjà au sujet du Trouvère… Pendant les répétitions duquel il commencera à écrire La Traviata. Voilà qui explique sans doute la popularité immédiate de ce Trouvère – 229 productions au cours des trois années suivant la création – un succès jamais démenti, puisque l’opéra demeure l’un des plus joués au monde.

 

 

Résumé

 

 

Le sujet du Trouvère a été tiré d'un drame espagnol d'Antonio Garcia Gutierrez. Une bohémienne, accusée par le comte de Luna d'avoir jeté un sort sur son jeune enfant malade, a été brûlée vive. Azucena, sa fille, veut la venger; elle enlève un des deux fils du comte pour le tuer; mais elle se trompe, et c'est son propre enfant qu'elle jette dans une fournaise ardente. Elle fait de l'autre un trouvère, qui a grandi à ses côtés, se croyant son fils, sous le nom de Manrique. C'est sur cette situation que la toile se lève. 

Le comte de Luna, mort, a eu pour héritier de son nom et de sa fortune, son fils. Celui-ci aime la belle Léonore et veut l'épouser; mais elle lui préfère un jeune aventurier qui n'est autre que Manrique, le trouvère. Les scènes d'amour et de jalousie se succèdent. Le puissant comte de Luna emploie la force pour vaincre la résistance de Léonore; il fait enfermer Manrique dans une tour, puis, avec la bohémienne, dans un horrible cachot. 

 

Léonore, pour sauver son amant, dit au comte qu'elle cède à ses désirs; ensuite elle va trouver Manrique dans le cachot pour lui proposer de fuir; elle sera prisonnière à sa place. Il refuse, et Léonore qui a pris du poison pour échapper au comte, tombe à ses pieds et meurt. Pendant cette scène, la bohémienne dort. Le comte paraît; il donne l'ordre de conduire Manrique au supplice et il traîne la bohémienne près d'une fenêtre pour qu'elle le voie. Manrique est exécuté. « C'était ton frère! s'écrie-t-elle au comte; tu es vengée, ô ma mère! »

 


Les commentaires du Président de l'Association des Amis de l'Opéra Grenoble sur  " Il Trovatore" de Guiseppe VERDI :

 

                          Lancement de la Saison 2018.2019 avec une œuvre emblématique du répertoire lyrique : "Il Trovatore" de Giuseppe Verdi !  Présentée ce samedi 13 octobre 2018 au Teatro Regio de Turin.

 

Effectif conséquent (53 Amis) pour venir assister à cette représentation attendue car cet opéra fut peu présent dans les saisons précédentes des Amis de l’Opéra-Grenoble. L’occasion était incontournable !

 

Très confortablement installés, comme à l’habitude, dans le bel amphithéâtre du Regio, loin d’être rempli, hélas, nous assistâmes à une représentation tout à fait classique, dans le bons sens du terme, de cet opus foisonnant de musique à l’intrigue pour le moins compliquée.

 

Sur scène, un dispositif unique et évolutif de deux grandes structures cubiques en bois, disposées de part et d’autre du plateau, dont sortaient au milieu d’elles une immense volée d’escalier, parfois divisée en deux, ainsi qu’une galerie coulissant en fond de scène. Dispositif fort efficace permettant une fluidité des changements "à vue" des différents tableaux, en proposant de belles images tant de groupes que de  solistes toujours éclairées avec intelligence.

Cependant, la proposition théâtrale du metteur en scène Paul Curran demeura plutôt traditionnelle, à savoir une bonne gestion des placements des personnages et des chœurs, en costumes d’époque, aux dépends du jeu purement dramatique.

Ainsi, la 1ère partie fut-elle sans grand éclat même si agréable à recevoir.

Atmosphère différente en 2de partie, après l’entracte, où la scénographie se fit plus abstraite, plus graphique, laissant place à un jeu théâtral des personnages mieux construit, notamment lors de superbes duos et soli, porteurs d’une qualité émotionnelle supérieure. Entre autres, une scène du "Miserere" où Leonora épancha sa douleur, sa flamme, dans un superbe chant, solitaire face à une volée d’escalier se perdant dans les cintres et dominée par une procession silencieuse de flambeaux !

Le "théâtre musical" désormais mieux incarné, l’opéra se termina avec grande émotion et belle acclamation !

Quelle musique omniprésente et tellement évidente dans sa vérité humaine que celle du Maestro Verdi, si chère à nos cœurs et à  nos âmes ! Que de "tubes" si familiers depuis toujours condensés en un seul opus foisonnant d’invention !

Certes, aux dépens d’une cohésion de l’intrigue sujette à grande confusion. Mais, un régal absolu de chant romantique, exalté ou élégiaque, tendre ou vaillant, sulfureux ou mystique. Riche palette de sentiments si caractéristique de ce "Trovatore", sans véritable action, où tout est raconté, et non montré, par le seul pouvoir évocateur de la musique.

Finalement, nos Amis furent emportés par ce tourbillon mélodique !

 

Côté interprètes : comme souvent au Regio, un plateau vocal homogène. Seule faiblesse, le rôle titre tenu par un jeune ténor, annoncé prometteur, Diego Torre, à la belle vocalité mais sans éclat, ni grande projection, et trop souvent en retrait dans les ensembles. Un peu dommage pour un personnage si particulier demandant élégance et vaillance.

Face à lui, des voix mieux affirmées, notamment celle impressionnante de noirceur et de férocité de la mezzo-soprano Anna-Maria Chiuri dans le rôle central d’Azucena, mère rongée par le sentiment de la vengeance, quitte à y sacrifier son propre fils.

De l’émotion également, allant crescendo, avec la jeune soprano Rachel Willis-Sorensen, belle et émouvante Leonora qui surmonta avec musicalité les redoutables difficultés d’une partition exigeante.

Beau timbre de baryton du Conte di Luna, incarné par Massimo Cavalletti, à qui l’on pouvait demander une implication scénique un peu plus affirmée.

Honnête prestation des rôles secondaires.

Quant aux Chœurs du Regio, superbes comme d’habitude ! Ligne de chant, profondeur, puissance, etc….

Direction sensible et musicale du chevronné Maestro Pinchas Steinberg, à la tête du grand orchestre du Teatro Regio, devenu sous la baguette de son ancien directeur musical, Gianandrea Noseda, une phalange de premier plan. Peut-être un peu plus de flamme aurait-elle été la bienvenue de la part du Maestro ?

 

Mais, certainement, de la "belle ouvrage" ! Viva Verdi ! 

 

Alain GUIPONT

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