Sémiramide à St Etienne

Semiramide 

Gioacchino Rossini

 

EQUIPE ARTISTIQUE

      CHEF D'ORCHESTRE:  Giuseppe gRAZIOLI

      METTEUR EN SCÈNE:  NICOLA RAAB

      CHANTEURS

ARSACE : AUDE EXTREMO

ASSUR : DANIELE ANTONANGELI

AZEMA : JENNIFER MICHEL

IDRENO : MANUEL NUNEZ CAMELINO

OROE : THOMAS DEAR

SEMIRAMIDE : KARINE DESHAYES

MITRANE : JEREMY DUFFAU

L'OMBRE DE NINO : NIKA GULIASHVILI

 

 

 

ORCHESTRE SYMPHONIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE

CHOEUR LYRIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE

NOUVELLE PRODUCTION
OPÉRA NATIONAL DE LORRAINE (2017)

 

La redoutable Sémiramide assassine son mari afin de régner seule sur le royaume. Elle doit cependant trouver un nouvel époux et jette son dévolu sur Arsace. Mais ce dernier découvre qu’il est le fils de Sémiramide. Et le spectre de son père lui ordonne de tuer sa mère. Cet opéra en deux actes a été présenté pour la première fois au public à la Fenice de Venise en 1823. 
Cette nouvelle production est dirigée par Giuseppe Grazioli . Ancien meneur de l’Orchestre symphonique de Sicile et de l’Orchestre Verdi de Milan, l’Italien s’est illustré dans la direction d’une cinquantaine d’oeuvres lyriques présentées dans la plupart des théâtres français. A noter que Karine Deshayes et Aude Extrémo interprètent les rôles de Sémiramide et Arsace.

 

 

 

Les commentaires du Président de l'Association des Amis de l'Opéra Grenoble sur ce spectacle :

 

 

Dimanche 04 mars 2018, une première dans la vie des Amis de l’Opéra-Grenoble : une représentation d’opéra  au Grand Théâtre Massenet de Saint Etienne, ancré sur sa colline boisée dominant la ville.

Nous avions au programme l’opéra seria de Rossini "Semiramide", œuvre majeure du Maestro, la dernière composée pour l’Italie en 1823 avant son installation à Paris. Opéra seria inspiré de la tragédie "Sémiramis" de Voltaire et créé au Gran Teatro La Fenice de Venise le 03 février 1823.

Bien installés au Balcon central, bénéficiant d’une parfaite vision d’ensemble du plateau et de la fosse, dans cette salle moderne et agréable de 1200 places, au rapport scène-public tout à fait équilibré et à l’acoustique irréprochable, nous avons pu apprécier une représentation de fort bonne tenue de ce magistral opus rossinien, long et éprouvant pour les interprètes et pas si souvent joué malgré sa présence incontournable dans le grand répertoire lyrique.

Sur scène, un dispositif simplifié d’un plateau de théâtre, côté droit à cour, avec à gauche au jardin diverses apparitions d’éléments mobiles venus des cintres, évoquant tantôt un lieu, salon ou bureau, tantôt les coulisses du théâtre.

Sur le plateau surélevé, un jeu de rideaux et d’éléments de décors (colonnes, portiques, grand miroir, etc….) donnant à la fois l’impression d’être face à cette scène ou derrière.

Dispositif faisant allusion de toute évidence à une vision du "théâtre dans le théâtre", vision transposée en une époque Grand Siècle (allusion aux costumes "Louis XIV" et à la machinerie scénique)  et en même temps en un XIXème plus romantique, époque de la création de l’œuvre.

Certains de nos Amis ont été chiffonnés, voire agacés, de ne pas retrouver le contexte historique antique du drame initial, ce qui a perturbé, en partie seulement nous l’espérons, leur plaisir.

Mais, la metteuse en scène allemande, Nicola Raab, n’a pas trahi l’œuvre de Rossini malgré ce parti pris dramaturgique car elle a respecté l’intrigue et la musique flamboyante du Maestro.

Avec assez peu de moyens scéniques (et financiers ?) mais intelligemment utilisés, Nicola Raab a réussi à faire vivre le mélodrame de façon lisible, linéaire, sans scories ni affèteries modernistes inutiles, en misant sur un jeu de scène des personnages tenu, construit, logique, y compris celui des choristes utilisés comme de vrais protagonistes, le tout de bonne facture.

Mélodrame porté par des interprètes talentueux, de haut niveau, et bien engagés dans leur interprétation personnelle.

Malgré une tonalité générale un peu sombre des décors et costumes et du fond de scène, le spectacle a fonctionné plus qu’honorablement nous permettant de déguster la somptueuse mais éprouvante musique du Sieur Rossini. Musique unique, synthèse du style "bel cantiste" du Grand Siècle napolitain et du genre nouveau au souffle moderne du Romantisme naissant.

 

De toute évidence, les interprètes sont pour beaucoup dans la réussite de ce spectacle de par leur qualité musicale irréprochable.

- En tête dans le rôle titre, notre grande mezzo française à la renommée internationale affirmée, Karine Deshayes : voix ample, parfaitement assurée, fine musicienne capable de surmonter sans anicroche les vertiges de la partition, et à la forte présence scénique. Une Reine autoritaire et glaçante mais rongée par le remords d’une faute originelle qui causera sa perte.

Peut-être parfois quelques aigus tirés, un peu métalliques ?

- A son côté, l’épatante mezzo Aude Extrémo, révélation vocale, proposant une incarnation du jeune héros Arsace tout à fait crédible. Voix profonde d’une alto, chaude, ample, d’une grande souplesse, surmontant elle aussi sans problème les vertiges de cette partition.

Vous dire la beauté de leurs duos serait impossible avec des mots !

 

- Chez les hommes, là aussi de belles voix.

- Notamment celle de la basse noble de l’élégant Thomas Dear dans le rôle d’Oroe, grand ordonnateur des volontés divines et meneur de l’intrigue.

- Celle également de Daniele Antonangeli, voix grave et chaude dans le rôle d’Assur, prince dévoré d’ambition et de ressentiment.

- Celle aussi des deux ténors : avec d’abord Manuel Nunez-Camelino incarnant Idreno, archétype "Grand Siècle" du jeune prétendant amoureux au costume baroque flamboyant.

Puis avec Camille Tresmontant dans le rôle plus effacé du Capitaine Mitrane, fidèle à sa Reine.

 

- Un Chœur lyrique Saint-Etienne- Loire de bonne tenue musicale, sans reproche, utilisé comme un vrai protagoniste du récit dramatique.

- Dans la fosse, l’Orchestre symphonique Saint-Etienne- Loire en pleine forme, capable de belles nuances musicales. Certes, quelques imprécisions dans la célèbre ouverture, très vite oubliées une fois les instrumentistes échauffés.

 

Là haut, au balcon, de face, nous profitions d’une acoustique remarquable, ne perdant aucune miette des infinies variations et inventions de la partition du "tedeschino" (le petit allemand) Rossini, surnommé ainsi car il attachait une grande importance

à l’ampleur de la partition orchestrale dans ses opéras. Démonstration patente avec cette partition savante de sa "Semiramide".

 

- L’ensemble sous la baguette animée et sensible du chef italien, Giuseppe Grazioli, fin musicien supportant ses interprètes avec précision et musicalité, et avec intelligence dramatique.

Bravo à eux tous !

 

Il Maestro Rossini devrait être consacré "bienfaiteur de l’humanité", sans hésitation !

Après nous avoir émerveillés, comme des enfants, avec sa "Cenerentola" (Opéra de Lyon), il nous émeut avec le destin tragique d’une reine  déchirée entre le remords de son crime et sa passion pour un jeune héros mais qui n’échappera pas à la volonté de vengeance des Divinités.

 

Première stéphanoise réussie, tant par la qualité des lieux que par celle des interprètes.

Sûrement, nous y reviendrons !

 

 

Alain GUIPONT

 

 

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