La Cenerentola à Lyon

 

 

La Cenerentola

 

Rossini

 

Distribution 

 

Direction musicale : Stefano Montanari 
Mise en scène : Stefan Herheim 
Décors : Daniel Unger, Stefan Herheim 
Costumes : Esther Bialas 
Lumières : Phoenix (Andreas Hofer) 
Dramaturgie : Alexander Meier-Dörzenbach 
Vidéo : fettFilm (Momme Hinrichs, 
Torge Möller) 


Don Ramiro : Cyrille Dubois 
Dandini : Nikolay Borchev 
Don Magnifico : Renato Girolami 
Clorinda : Clara Meloni 
Tisbe : Katherine Aitken 
Angelina, sous le nom de Cenerentola : Michèle Losier 
Alidoro : Simone Alberghini 

Orchestre et Chœurs de l'Opéra de Lyon

Créée le 28 janvier 1817, La Cenerentola est toujours une des œuvres les plus populaires de Rossini, entre rire et larmes. De fait, l’intrigue de ce dramma giocoso recourt à des personnages offrant de remarquables contrastes musicaux, de la tendresse d’Angelina au caractère bouffon de son beau-père, sans négliger l’oisiveté égoïste de ses sœurs et l’élégance raffinée du Prince. 

 

Sous ses dehors enjoués, La Cenerentola n’est pas une œuvre facile. La sentimentalité du style semi-seria s’est immiscée dans les veines de l’opera buffa, entre compassion et ironie. Martyrisée par son tuteur – le parodiquement nommé Don Magnifico –, harcelée par ses méchantes demi-sœurs, Clorinda et Thisbé, Cendrillon triomphera pourtant, souillon métamorphosée en princesse par le truchement du sage Alidoro, philosophe et moraliste. Mais elle aura souffert.

 

 

Le mot du Président :

 

 "La Cenerentola" de Gioacchino Rossini          Opéra de Lyon

 

Ce dimanche 17 décembre 2017, l’Opéra de Lyon nous a offert un beau cadeau de Noël, à savoir une représentation de "La Cenerentola" du Signor Rossini, au plus fort de son inspiration.

Représentation "régénérante" en tout point : du pur Rossini musical, un cast d’interprètes fort talentueux, et une mise en scène éblouissante d’invention, de drôlerie et de féérie.

Spectacle qui restera à n’en point douter dans les annales des Amis car il réunissait, chose rare, trois données fondamentales : une musique incomparable, des interprètes de qualité et une intelligence scénique.

Musique incomparable et unique, irrésistible, inimitable, que celle du Maestro Rossini, alliant le pur bel canto à l’évocation romantique et mélancolique du conte d’origine assortie d’un feu d’artifice vocal de gaité, portée par une partition échevelée fort difficile à jouer.

Mais cela n’a pas impressionné les musiciens de l’excellent orchestre de l’Opéra de Lyon, en pleine forme, dirigés par la baguette précise et énergique du Maestro Stefano Montanari, qui s’offre quelques interventions fort drôles dans la mise en scène, ni les chanteurs émérites, affrontant avec sincérité  et engagement scénique les écueils de la partition. Du véritable théâtre !

De la part de l’Opéra de Lyon, nous pouvions espérer une telle qualité, reconnue récemment par la presse internationale.

Dans le rôle titre, Angelina dite la Cenerentola, la mezzo canadienne Michèle Losier, apparut au début en retrait, prudente, puis s’affirma fine musicienne et comédienne pour incarner une jeune héroïne plutôt assurée qu’éplorée. Elle a su mener le bal avec aplomb et affronter les difficultés vocales de la grande scène finale d’anthologie rossinienne !

Un jeune ténor français, Cyrille Dubois,  ne démérita en rien dans ce rôle éclatant du Prince Ramiro déguisé en son valet. Belle révélation à la vocalité chaleureuse et rayonnante, maîtrisant la ligne de chant fort aérienne du rôle, avec un aplomb de comédien assuré. Un jeune artiste talentueux à suivre, dans la lignée des grands ténors rossiniens renommés (J.D Florez entre autres). Il lui faudra encore développer sa projection vocale avec le temps.

Deux sœurs à l’énergie "buffa" débordante de drôlerie mais jamais outrancière, interprétées par deux jeunes chanteuses, la soprano Clara Meloni pour Clorinda et la mezzo Katherine Aitken pour Tisbe.

Deux belles voix graves : celle du valet Dandini en la personne de Nikolay Borchev à la diction parfois empâtée et celle du chevronné Simone Alberghini en Alidoro meneur de jeu.

Et puis, dans le rôle central typiquement "buffo" du beau père Don Magnifico, l’irrésistible Renato Girolami, présenté comme Rossini lui-même, omniprésent et manipulant l’ensemble de l’intrigue.

Hé oui, le metteur en scène Stefan Herheim avait opté pour cette assimilation du personnage du beau père en Rossini lui-même, véritable "deus ex machina" descendu du ciel au tout début avec le livre du conte originel et sa plume de compositeur pour lancer l’intrigue et diriger les ficelles. Avec lui, une cohorte de petits Rossini, le chœur masculin, tout à la fois spectateur et acteur de la farce. Idée géniale de dédoublement théâtrale !

Mise en scène féérique, débutant par un plateau vide, avec une femme de ménage de nos jours tirant son chariot. Aie, nous avons pu craindre le pire ! Mais, très vite, un livre tombe du ciel suivi du Maestro Rossini lui-même sur son nuage, engageant la jeune femme à lire le conte. Tout de suite l’identification des rôles est enclenchée et ne faiblira jamais jusqu’à l’épilogue.

Devenue Angelina, la jeune femme vivra le rêve merveilleux agencé par Rossini, avec assurance et émotion. Mais, au final, la réalité reprendra ses droits avec l’envol du magicien Rossini et le retour du chariot sur le plateau déserté.

Et rêve il y a eu avec un foisonnement de dispositifs scéniques colorés spectaculaires, mobiles, aériens, flamboyants (feu d’artifice) aux dimensions évolutives de la cheminée lieu d’affectation de la pauvre Cenerentola, comme chez Alice au pays des merveilles.

Mise en scène portée par un travail de direction d’acteur maîtrisé, réglé au cordeau comme du papier à musique, emportant l’œuvre en un souffle léger, mélancolique et joyeux à la fois, jusqu’au terme de l’opéra !!

Un vent d’allégresse !! Nous sommes rentrés sur un petit nuage de bonheur.  Viva Rossini !!!!

 

Alain GUIPONT

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